Mort de Léonide BOURGES en décembre 1909 à Auvers-sur-Oise
Mort de Melle Pauline Elise Léonide Bourges en 1909 et non en 1910.
Inhumée au cimetière d’Auvers le vendredi 24 décembre 1909.
On ne peut laisser partir sans un souvenir ému, la femme de talent et de cœur que l’on enterra hier, à Auvers-sur-Oise. Léonide Bourges, qui s’en va à soixante-douze ans, sans bruit, comme elle avait toujours vécu, avait paru pour la première fois au Salon en 1857 elle avait alors dix-neuf ans, étant née en 1838. Elle avait travaillé avec T. Salmon et Ed. Frère ; mais elle fut surtout l’élève de Daubigny, à qui elle avait voué une tendresse filiale qui ne se démentit jamais.
Peintre, elle mit dans ses tableaux, qui pendant plus de trente ans parurent régulièrement au Salon et à la Société des femmes peintres, une couleur vive, un dessin qui avait de l’agrément, un sentiment où se reflétait son âme simple et bonne.
Mais ce qui semble devoir rester plus que ses tableaux, ce sont ses eaux-fortes soit des cuivres originaux, où elle racontait les paysages souriants autour d’elle en de petites pièces au métal égratigné de verve, soit des cuivres d’interprétation, où elle s’appliqua à traduire avec toute son intelligence et tout son respect les œuvres capitales de Daubigny.
Elle a même, il y a une vingtaine d’années, publié un petit album dont elle grava les illustrations et le texte, et où elle disait avec tout son cœur, et aussi avec beaucoup d’art ce qu’était la maison de son maître.
Léonide Bourges avait des ressources plus que modestes, et elle devait démanteler à des leçons le supplément financier qu’elle ne pouvait attendre de ses tableaux. Cela ne l’empêcha pas de mener à bien un rêve par elle longtemps caressé le monument de Daubigny à Auvers. Il fut fait, ce monument, par Fagel : on savait qu’une souscription anonyme avait, permis au comité de faire face à la dépense engagée et au jour de l’inauguration, on n’apprit que par une indiscrétion, que l’anonyme n’était autre que la très pauvre Léonide Bourges. De sa fenêtre, elle pouvait voir le buste de son maître vénéré, et elle disait alors qu’elle pouvait mourir.
Elle s’en est allée, l’artiste vaillante et sincère, n’ayant jamais eu d’ambition pour elle, et ne demandant qu’une chose, la fidélité de chacun à la mémoire de Daubigny. Il semble que cette vie qui s’achève si discrètement méritait un dernier salut, petite fleur timide qui s’épanouit tenace au bord de la tombe bientôt oubliée.
L. Roger-Milès.
Article paru dans le Figaro. Mort de Léonide Bourges en décembre 1909 à Auvers-sur-Oise.
Parution d’un article annonçant la mort de Léonide Bourges dans la revue, "Le Bulletin de l’Art ancien et moderne" du 1 janvier 1910.
Article paru dans de le magazine de janvier 1910 - Bulletin de l’Art.
Mlle Léonide Bourges, née à Paris le 22 janvier 1838, élève de T. Salmon et de E. Frère, peintre de natures mortes et de sujets de genre, vient de mourir à Auvers-sur-Oise. Elle avait été aussi l’élève de Daubigny, pour lequel elle gardait un véritable culte, gravant ses œuvres, contant volontiers sa biographie et prenant à son compte, quoiqu’elle ne fût pas riche, la plus grande partie des frais du monument élevé il y a quelques années à la mémoire de Daubigny, à Auvers. Mort de Léonide Bourges en décembre 1909 à Auvers-sur-Oise.